21 novembre 2012
Trajet rapide le long duquel on retrouve Hugo, Notre-Dame de Paris, Les Misérables et les transformations de Paris sous Louis-Philippe.
Hugo, place des Vosges de 1831 à 1848. La maison et les souvenirs.
Site d’images sur les 850 ans de Notre-Dame de Paris : http://www.photo.rmn.fr/Package/2C6NU02J7M9C?PBC=2CO5S9IZDCBN:2C6NU0L9D8B7:2C6NU02J7M9C
I Notre-Dame au temps de Victor Hugo
- Dans quel état se trouvait Notre-Dame de Paris en 1832 quand le roman est paru ?
- Quelle est la vision que Hugo nous livre de Notre-Dame de Paris dans son roman ?
- Comment le roman met-il la cathédrale en scène ?
La cathédrale est un édifice composite dont le style dominant remonte au XIIIe siècle.
L’édifice le plus ancien dans Lutèce est une basilique de style constantinien remontant au IVe siècle, sous le règne de l’empereur Julien dit l’Apostat au IVe siècle (personnage promu empereur par ses troupes à Lutèce même ). Elle se transforme jusqu’au VIe siècle sous le nom de Saint Etienne. Elle est décalée vers l’ouest par rapport au portail actuel.
Du IXe au XIIe siècle l’église s’agrandit et se transforme en changeant de nom et en passant par le style roman puis ogival. Les thèmes iconographiques de cette époque sont encore visibles dans les statues du portail Nord (La Vierge) et Sud (Saint Etienne) dont le portail de la Vierge est un témoin (1160 : Maurice de Sully).
Les grandes transformations gothiques datent du règne de Louis IX (Saint Louis règne 1226-1270) entre 1230 et 1250 : les grandes baies de la nef, les terrasses correspondant aux tribunes intérieures et les arcs-boutants et des ajouts extérieurs au transept.
La cathédrale est encore transformée au XIVe siècle dans les chapelles latérales, au XVIIe par Louis XIV (nouvel autel de 1708, Coysevox, avec Vierge de la Compassion commémorant le vœu de Louis XIII et rénovation du chœur, Robert de Cotte). Sous Louis XV élargissement du portail central pour des entrées royales et des processions. De toute façon dès la Renaissance on tient en piètre estime l’art médiéval (paroles de MA sur l’Art des Goths vu comme barbare)
Sans compter les dégradations datant des guerres de religion et de la Révolution puis manque d’entretien jusqu’à la Restauration.
*Rappel par MH sur les statues… Alexandre Lenoir
A partir de 1820 un regain d’intérêt général pour le patrimoine médiéval et particulièrement la cathédrale saisit les écrivains de la génération romantique après Chateaubriand. Cela s’inscrit aussi dans un nouveau genre littéraire et artistique participant au mouvement romantique ; Déjà vu avec Delacroix.
Hugo est très actif dans ce domaine : il dénonce les mutilations des monuments anciens dès 1823 par un poème stigmatisant les démolisseurs et spéculateurs intervenus après la Révolution (La Bande Noire) puis entre 1824 et 1835 divers articles qu’il résume par « Guerre aux démolisseurs » ; Cet effort est repris sous Louis-Philippe par la création de l’Inspection des Monuments Historiques, poste qu’occupera Mérimée. Le mouvement s’accélère après 1845 quand entre en scène Viollet-Le-Duc qui restaure presque intégralement N-D de 1847 à 1864. L’essentiel de ce qu’on en voit aujourd’hui !
Bilan : la redécouverte du patrimoine ancien comme Art Français, illustration du génie national. « Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon » dit Victor Hugo.
Hugo aura un rôle officiel en 1835 comme membre du Comité des Arts et des Monuments et il interviendra souvent : pour la sauvegarde de la grille de la Place Royale ou comme on l’a vu des bâtiments attenant à l’ancienne abbaye de Saint Germain des Prés (musée Delacroix)
Son zèle de conservation le conduit parfois à des excès qui font sourire aujourd’hui : lire p 285 sur la Renaissance et 223 sur les monuments du XVIIIe siècle, par exemple le Panthéon où il est enterré ! Et même 287 sur la place des Vosges. Exagérations à la Hugo qui n’épargnent pas les architectes de son temps qu’il traite de vandales !
Le roman :
Le manuscrit
La mode est aussi au roman historique dans une ambiance médiévale :
Walter Scott avec Quentin Dur Ward, gros succès en 1823
Hugo reçoit commande de son éditeur Gosselin en 1828 d’un roman médiéval pour l’année suivante. Il a 26 ans ! Mais il produit beaucoup dans ces années-là des œuvres poétiques (Les
Orientales) et un de ses premiers plaidoyers contre la peine de mort, (Les derniers Jours d’un Condamné). C’est un jeune auteur déjà reconnu qui jouit d’une pension accordée par Charles X et recherche la notoriété en même temps qu’il se distingue comme un représentant passionné de la nouvelle génération romantique (« bataille d’Hernani »).
Plus la vie de famille (déjà 4 enfants). Bref il prend du retard et l’éditeur le menace d’un procès ! Il s’en tire par un mensonge : il prétend que ses notes ont disparu dans son déménagement de la rue Notre-Dame des Champs à la rue Jean Goujon et dans l’affolement du à la Révolution de Juillet 1830 ! Il travaille sérieusement sa documentation sur le règne de Louis XI et sur Paris au XVe s. Il le place en 1482. Il consulte des Chroniques sur la période et beaucoup d’archives.
Il se passionne parallèlement pour le mouvement populaire qui accompagne les évènements de 1830. Il choisit de faire rentrer le peuple de Paris comme acteur de son récit. Il établit un parallèle entre les décisions arbitraires de Louis XI (en matière de justice et de police) et celles de Charles X avant les 3 Glorieuses.
Bref au final il produit un ouvrage beaucoup plus long que prévu et…va le donner à un autre éditeur qui le publie en 1832. Sans être un roman historique le livre contient 2 chapitres très précis sur Paris au MA : Livre III, Notre-Dame et Paris à vol d’oiseau.
Mais Notre-Dame de Paris tient aussi du roman noir avec mystères, démons et forces maléfiques : Ananké=Fatalité , Livre VII ; Le destin détruit tous les personnages bons ou méchants . L’archidiacre est alchimiste ; comparé à Faust qui commerce avec le Diable.
De nombreuses scènes prennent un tour fantastique avec des visions hallucinées par ex la scène des truands approchant de Notre-Dame, vu des galeries de la cathédrale page 557
Ou celle des flammes entretenues par Quasimodo pour fondre du plomb afin de repousser les assaillants page 569_570. Au final la cathédrale n’apparaît presque jamais comme un lieu de paix et de prière mais il l’entoure plutôt d’un voile de ténèbres (p.369 et p.502) ou de secrets (visite mystérieuse de Louis XI alias compère Tourangeau dans le repaire de Claude Frollo Livre V. )
On y trouve aussi un éclairage philosophique où l’Eglise et la Monarchie du Moyen Age représentent le Mal et l’Obscurantisme alors que les nouvelles connaissances et l’imprimerie conduisent vers le progrès : conversation entre Claude Frollo et Louis XI incognito, « ceci tuera cela »p. 273 ou plus clairement p.275 : la presse tuera l’église, sans majuscule cad l’édifice vu comme un bâtiment pour l’enseignement de la religion. De fait les premiers ouvrages imprimés en France datent de 1470.
Enfin certainement des intentions politiques : il écrit en même temps que couvent les évènements de 1830 ; Hugo assiste aux 3 Glorieuses en Juillet et c’est le début de son engagement en faveur des mouvements libéraux et populaires .
Du coup l’Eglise et Louis XI paraissent les forces réactionnaires comme Charles X et ses ministres : le roi abuse de son autorité et Hugo le montre choisissant de sacrifier Esméralda sans aucun souci de justice mais juste pour rétablir l’ordre et écraser une révolte populaire. Sans compter les diverses caricatures de justice qui apparaissent dès le début avec des juges ridicules et sourds au Grand Châtelet (justice prévôtale).
Les seuls personnages sympathiques sont ceux qui bravent cette justice inique : Quasimodo sorte d’allégorie du peuple martyrisé et Esméralda symbolisant la Liberté malmenée.
Dès parution le livre a un grand succès ; on revient même visiter Notre-Dame et y chercher les lettres Ananké qui n’ont jamais existé… cela rappelle la vogue de St Sulpice après le Da Vinci Code !
Quant au Vatican il le met à l’index en 1834.
C’est aussi sans doute une des raisons de la restauration entreprise par Viollet-le-Duc sous le Second Empire entre 1857 et 1864 pour restaurer Notre-Dame.
II Les tours et visite de la Porte rouge
- Que retient-on sur la cathédrale, comme théâtre de l’intrigue ?
D’abord un lieu d’observation ;
Livre 3 page 206 : vue de Paris en 1482 pour le spectateur essoufflé ! Paris-labyrinthe et au 1er plan la Cité cœur du Paris historique
Ailleurs ce sont plutôt les recoins et cachettes qu’il évoque que la nef ou le chœur. Mais avec des angles de vue différents
1) point de vue de C Frollo : sa cellule du cloître où il étudie et reçoit. Il entrepose des ouvrages d’alchimistes, astrologues et des textes hermétiques. Pas vraiment les textes saints ! Il contemple sans arrêt sur le portail les Vierges folles et les Vierges Sages et un corbeau au portail de gauche xxxxx qui cherche dans l’église à voir la pierre philosophale, p.255
D’ailleurs on le craint et il passe pour un sorcier ; c’est un fanatique et un frustré. Inutile de rappeler son rôle dans les persécutions dont Esmeralda est l’objet. Il la guette, l’épie jusque dans son tête-à-tête amoureux avec Phoebus, « le prêtre en grinça des dents dans les ténèbres »p. 424. Il rôde sur les galeries comme un voyeur. Il distille sa haine dans le noir.
Le repaire où il se livre à ses expériences est dans la Tour Nord en haut de l’escalier au-dessus de la galerie des colonnettes. Il faut pousser jusqu’aux cloches et s’avancer derrière un renfoncement puis ouvrir une énorme serrure… p383
Les escaliers à vis jouent un rôle important, les chandelles s’éteignent dans les courants d’air !
2) Quasimodo : la cathédrale c’est sa mère Livre IV chap 3 : « sa demeure, son trou, son enveloppe »
Son corps est façonné par les recoins de la cathédrale où il erre.
Son bonheur suprême est de sonner les 15 cloches : description furieuse (p245-246)
Sa présence anime les lieux et leur donne vie p.247 : il fait « palpiter les entrailles de la vieille église » mais il hante aussi les lieux la nuit sur les balustrades des tours ou celle des toits de l’abside. D’en bas on voit sa silhouette difforme et inquiétante.
3) Enfin pour Esméralda elle sera le dernier refuge par l’exercice du droit d’asile.
Quasimodo l’enlève p 489
Il la cache dans une cellule « sur les combles des bas-côtés sous les arcs-boutants »
Il lui donne des habits blancs de nonne
A ses yeux la cathédrale devient un lieu de salut et de sérénité : « chaque soleil levant la trouvait plus apaisée, respirant mieux, moins pâle »
4) Enfin elle est le théâtre de l’affrontement final entre les gueux venus délivrer Esm., et Quasimodo qui croît qu’ils viennent la chercher pour la livrer et la police du roi chargée de rétablir l’ordre. Vision infernale qui me rappelle le tableau de Delacroix « La liberté… » où la silhouette de ND se détache en fond derrière la barricade et les révolutionnaires. Lire p. 569-570 .
Fuite avec Gringoire et C.Frollo qui fait du chantage pour qu’elle s’abandonne à lui. Par la Porte Rouge
..Les parapluies à la Porte rouge
III Promenade
Ne pas chercher ce que Hugo a vu car déjà le Paris médiéval était très entamé mais on peut trouver ce qu’il a imaginé du Paris médiéval dont il rend compte par sa documentation : Paris au XVe siècle divisé en 3 secteurs, l’Université (rive gauche), la Ville (rive droite) et la Cité partie la plus ancienne. Cinq îles et cinq ponts avec des maisons : le tout donne dans son imaginaire « un tricot inextricable de rues bizarrement embrouillées »
Il noircit souvent ce qui est un peu en contradiction avec son amour des vieux bâtiments par ex : « l’Hôtel Dieu avec sa façade ridée et son toit couvert de pustules et de verrues ». Ce qui est sûr c’est qu’il a sous les yeux un quartier très dégradé et des murs noircis à commencer par ceux de ND rongés par la pollution au feu de bois.
On suit la rue d’Arcole et le pont du même nom, pont construit sousLouis-Philippe et baptisé du nom d’ un insurgé mort dans les combats de rue de la Révolution de 1830 et non de la bataille remportée par Bonaparte en 1796 contre les Autrichiens ???)
1) Louis-Philippe, grand bâtisseur avant Napoléon III et Haussmann ;
L’épidémie de choléra de 1832 montre le manque d’hygiène publique en particulier dans les quartiers du centre les plus entassés et les plus pauvres à l’époque.
La rénovation de Paris va commencer avec la nomination du préfet de la Seine Rambuteau en 1834, poste occupé jusqu’au renversement de la monarchie de Juillet en 1848.
Paris est doté d’un conseil municipal élu (élection censitaire mais c’était déjà un progrès vers une décentralisation).
Les progrès techniques ont amélioré déjà à cette date l’éclairage public, les transports avec les premiers omnibus en 1828, les premières lignes de chemin de fer (1838 la ligne PSG) avec leurs « embarcadères », pas encore des gares.
Nouveaux boulevards qui suivent le chemin de ronde de l’enceinte du XVIIe siècle (voir le dénivelé entre le trottoir et la chaussée sur le boulevard Saint Martin).
Une nouvelle enceinte voulue par Thiers en 1841 ou encore l’aménagement de la place de La Bastille où est érigée la colonne qu’Hugo appelle « le tuyau de poêle ».
2) La place de Grève
Port commercial très actif au XVe siècle avec l’organisation des marchands de l’eau très puissante depuis le XIIIs (qui donne son blason à Paris). Au XIXe siècle le port est encore actif pour l’approvisionnement de Paris en céréales et en bois principalement.
Les rives sont en pente et l’eau y montait à chaque crue de la Seine jusqu’à la place.
La Place de l’Hôtel de Ville était la principale place de Paris au Moyen Age sous le nom de Place de Grève. Entre autres activités s’y trouvait le principal marché de l’embauche d’où l’expression « être en grève » pour chercher un emploi. Elle rassemblait aussi parfois les protestataires…
Lieu de fêtes aussi (feux de la StJean) avec la présence parfois du roi.
*Lieu choisi aussi pour des exécutions capitales : Ravaillac, Cartouche ou les 4 sergents de La Rochelle. Après 1830 la guillotine sera transférée à la barrière St Jacques (Place StJ)
L’Hôtel de Ville . C’est le siège du Prévôt des Marchands personnage très influent doté de pouvoirs de Justice. Il représente la Municipalité et s’installe au XIVe s dans la Maison aux Piliers dont parle Hugo. Derrière se trouvait l’église St-Jean de Grève détruite en 1797.
Au XVIe siècle nouvel Hôtel de Ville (Dominique de Cortone dit Le Boccador) retouché au XVIIe siècle.
Au XIXe siècle bouleversements de tout le quartier et extension de l’Hôtel de Ville de 1837 à 1846 en conservant la façade du Boccador (Plafonds commandés à Delacroix). C’est là que la République fut proclamée en 1870 mais il brûle durant la Commune. Reconstruit sur les plans de Th.Ballu e1873 (archi de La Trinité) Reconstitution de la façade du Boccador mais l’ensemble est agrandi.
Statues allégoriques et hommes ou femmes célèbres en général nés à Paris sauf Boccador !
La Tour Rolande et la recluse MHB
La Cour des Miracles MHB
*Les réaménagements du quartier ont fait disparaître ce qui restait du Paris médiéval à qq exceptions près.
L’axe de la rue de Rivoli a été repris par Rambuteau. La rue avait été ébauchée par Napoléon au niveau d’une partie du Louvre. En 1838 elle est un peu prolongée dans l’intention d’en faire un des grands axes Est-Ouest . Terminée en 1855 à la hauteur de la rue de Sévigné.
Il y avait 2 grands soucis : les expropriations et le nivellement du relief des quartiers en bords de Seine. Les chantiers ouverts sous LP sont repris par Haussmann à partir de 1853.
Tout l’ensemble du quartier est remodelé à commencer par les abords de l’H de Ville (place actuelle) et derrière autour de Saint-Gervais. La rue de Rivoli est en contrebas des anciennes rues qu’elle recoupe (d’où des pentes ou des escaliers : début de la rue des Archives ou Cloche-Perce.)
Le pourtour de Saint-Gervais est modifié en raison du nivellement du monceau St Gervais ; agrandissement du perron. L’orme témoigne des anciennes coutumes médiévales où le quartier avait été une paroisse très riche et indépendante dotée de pouvoirs de justice (rendue sous l’orme moult fois arraché puis replanté au XXe s)
La rue du Monceau Saint-Gervais devient la rue François Miron en 1837 (prévôt des marchands de 1604 à 1606)
Les vieilles rues ont changé de nom : rue de la Mortellerie devient rue de l’H de Ville, rue du pourtour et du Monceau Saint-Gervais devenue rue F.Miron.
Suivre la rue François Miron :
A gauche place Baudoyer datant de 1854 avec mairie du IVe. Le nom est très ancien puisqu’il est porté par plusieurs portes dans les enceintes des XI et XIIIe s. En construisant le parking au XXe on a retrouvé une nécropole mérovingienne .
Sur les façades du XVIII s ( n° 2 à 12) des ferronneries rappelant l’emblème de l’ancienne paroisse, un orme autour duquel se rendait la justice locale et avaient lieu des fêtes
Tourner rue des Barres : Derrière St Gervais il y avait un quartier très commerçant avec un marché, un cimetière et un charnier (restes des fosses communes plus des galeries où on mettait directement les morts) On n’enterrait plus les morts depuis 1766 dans les cimetières de Paris mais le lieu restait en l’état.
On croise la rue du Pont Louis-Philippe bâtie en prolongeant le pont LP, bel exemple de promotion immobilière dans le Paris de la Révolution industrielle. Les terrains avaient été concédés entre autres aux descendants de Seguin l’inventeur français de la chaudière à vapeur. Les immeubles sont destinés souvent à la location : immeubles de rapport. La largeur de la rue était définie comme la rue Rambuteau et les maisons de style typiquement louis-philippard :
5 étages, une façade classique dite « du juste milieu » qui correspond bien à la classe montante. Un ornementation inspirée de la Renaissance (cf grilles de portes rue du Roi de Sicile ou parfois des fenêtres à arcades)
Au 20 de cette rue s’était installé un bureau de police privée monté par Vidocq (le Vautrin de Balzac) escroc puis chef de la police jusqu’en 1827.
Au 13 rue F Miron reste une façade médiévale restaurée ; Au 44 maison des Ourscamps
A la hauteur de la rue de Jouy on tourne à gauche pour traverser Rivoli et rejoindre la rue du roi de Sicile
3) On change de roman ! Les Misérables.
Rue Cloche-Perce : Noter les escaliers pour rattraper le niveau de Rivoli.
. La rue du Roi de Sicile : important axe d’entrée des produits maraîchers dans Paris au MA, coupée au XIII par l’enceinte de Philippe Auguste.
Son nom vient Charles d’Anjou, frère de st Louis et roi de Naples et de Sicile (Vêpres siciliennes) qui y avait son hôtel.
La rue est reconstruite au XIXe mais l’alignement requis n’est pas observé : maintien d’une façade ancienne
Rue des Escouffes : origine du mot les escoufles, les rapaces sans doute allusion aux changeurs
Rue Pavée : au n°10 la synagogue d’Hector Guimard
Rue Malher : la prison de La Force d’où s’évade Thénardier. C’était une énorme prison soit disant modèle construite avant la Révolution (Necker) pour les condamnés pour dettes, non paiement des loyers et condamnés politiques (massacres de Septembre) Il y avait une pour les hommes et une pour les femmes. Un petit bout de mur entre la rue Pavée et la rue Malher.
Revenir rue des Francs bourgeois pour aller parler de Hugo dans le square :
Victor Hugo est marqué par le sort des ouvriers et des pauvres gens dans ces quartiers parisiens. C’est un tournant de sa vie et de ses opinions.
Les ouvriers de la 1ère Rév. Industrielle se sont entassés dans ces quartiers insalubres. La délinquance est forte ; la bourgeoisie redoute ce qu’on appelle les « classe dangereuses ».
De 1801 à 1841 la population de Paris a doublé (plus d’1 million) sans compter les villages alentour qu’Haussmann inclura.
Le quartier des halles dépasse les 850 h/km2 entassement dans de petites maisons
A comparer au Paris d’Eugène Sue ou Londres de Dickens.
Agitation républicaine entretenue par des sociétés secrètes semblables aux carbonari italiens.
1832 après l’épidémie de choléra, 5 jours d’insurrection mêlant ouvriers, étudiants et républicains.
Le prétexte est l’enterrement d’un opposant à LP, le général Lamarque. Les incidents ont dégénéré. L’armée et la garde nationale ont tiré faisant 800 victimes.
Hugo observe plutôt méfiant : « sachons attendre, la République sera la couronne de nos cheveux blancs » ;
Il est Pair de France et proche de la couronne. Il a emménagé en 1832 place des Vosges : il se trouve aux premières loges dans ce quartier populaire secoué par les révoltes :
D’autres affrontements ont lieu dans les années suivantes. (Massacre de la rue Transnonain par Daumier) .
Peu à peu il compatit avec le sort des « misérables ». ( relevé de ses observations dans Choses vues ). En 1848 lors de la révolution qui renverse LP, il se déplace dans le quartier en effervescence et finit par se rallier à la république proclamée à l’H de V. Il aurait penché pour une monarchie libérale et démocratique mais se fait embarquer dans le gouvernement provisoire avec d’autres intellectuels comme Lamartine.
Il a traversé une crise très profonde après la mort de sa fille en 1843 et ne recommence à écrire qu’en 1845 pour commencer Les Misérables .
Du coup le cadre du roman se trouve être celui qui l’entoure mais il a rebrassé les révoltes des années 1830 à 1848 : les barricades sur tout le secteur des halles, rue St martin, St Merri, rue de la Chanverrerie qu’il nomme Chanvrerie. (Ce sont aussi les quartiers de l’une des cours des miracles.)
Plus près rue Vieille du Temple, rue de Turenne et rue St Antoine qu’il a observées.
Gavroche loge dans l’éléphant de plâtre de la place de La Bastille.
Gavroche est tué rue Rambuteau, qui prend la place de la rue Chanverrerie entre 1838 et 1839. Les révolutionnaires dénonçaient alors ces travaux comme cherchant à purger le quartier de ses habitants trop remuants !
Jean Valjean habite rue de l’Homme armé (actuelle rue des Archives après élargissement)
Marius épouse Cosette à StPaul-StLouis où s’est mariée Léopoldine (don de 2 bénitiers par Hugo lors de la communion de ses fils qui montrent son statut social plus que ses convictions puisque lui ne pratique pas !)
Le coup d’état de 1851 interrompt son roman qu’il ne reprendra qu’à Guernesey en exil après 1860. Il sera fini en un an et publié en 1862 malgré sa proscription.
Hugo après avoir applaudi à l’élection de LNB se range parmi les opposants quand il constate que le pouvoir du président devient de plus en plus autoritaire et personnel du président. Elu de l’Assemblée il tente en vain avec d’autres députés de soulever le peuple dans Paris lors du coup d’état de Napoléon III
Il doit s’exiler : le 11 décembre il part pour Bruxelles.
Rue de Turenne : perspective sur la façade nettoyée et l’horloge (transférée de l’ancienne église St Paul des champs démolie à la Révolution.
IV Place des Vosges
1) la place et l’hôtel de Rohan-guéménée
Donc la famille Hugo s’y installe en 1832. Ils habitaient rue Jean Goujon après avoir été évincé de la rue ND des champs par leur propriétaire qui se plaignait des chahuts liés aux suites de la bataille d’Hernani.
C’est une période très active de sa carrière où il va écrire beaucoup d’œuvre poétiques et romanesques : Les Chants du Crépuscule, Les Voix intérieures, Les rayons et les Ombres, Claude Gueux, Le Roi s’amuse, Lucrèce Borgia et marie Tudor, Ruy Blas et Les Burgraves.
Sur le plan familial et sentimental aussi : rencontre de Juliette Drouet en 1834.
La liaison est connue de sa femme qui s’est elle-même éloignée de lui et a eu une liaison avec Sainte-Beuve ; puis 2ème maîtresse Léonie Biard, sans rompre avec Juliette qu’il a installée dans un appartement proche, rue Ste Anastase (coupe la rue de Turenne). C’est aussi là qu’il a vécu le deuil de sa fille Léopoldine.
Durant les journées de Juin 1848 où les ouvriers se révoltent contre la fermeture des Ateliers nationaux son appartement a été envahi par les émeutiers. Sa famille le pousse à déménager ; il part pour la rue de la Tour d’Auvergne dans le IXième.
La place :
Du Moyen Age au XVI s c’est l’emplacement de l’Hôtel des Tournelles, résidence royale depuis Charles VII (1407). Louis XI y a aussi habité et y est mort mais dans ND de Paris Hugo préfère loger Louis XI à La Bastille qui est mieux connue des lecteurs.
Catherine de Médicis l’a fait abandonner après la mort de Henri II en 1559 lors d’un tournoi rue St Antoine. Henri IV redonne aux lieux une nouvelle fonction en y installant un pavillon royal en 1605 et une manufacture de soie destinée à résister à la concurrence italienne dans ce domaine. Des bâtiments fonctionnels et des boutiques s’y installent. En 1607 il les fait remplacer par 9 pavillons luxueux construits sans doute (mais ?) par Androuet du Cerceau. Au centre un jardin où Richelieu fait placer une statue équestre de Louis XIII (cheval réalisé auparavant par un élève de Michel-Ange et réutilisée ici, bien que disproportionnée)
Carousel en l’honneur du mariage de Louis XIII et Anne d’Autriche en 1612.
Au total 36 pavillons, 9 de chaque côté dont deux face à face pour le roi et la reine. Au XVII et XVIIIs ils ont été habités par l’aristocratie et la grande bourgeoisie ; Mme de Sévigné y est née. Au XIX s des artistes y vivent encore : Rachel la comédienne, Daudet, Th. Gautier. C’est resté très prisé par l’intelligentsia : Simenon, J.Lang, Strauss-Kahn.
Au 6, Hôtel de Rohan-Guéménée (depuis 1639) divisé en appartements. Le logement loué par VH faisait 280m2. Au rez-de-chaussée il y avait un jardin où H plaça une fontaine et des écuries inoccupées car il n’avait pas de voiture. Dumas a fait habiter sa Milady dans cet hôtel.
Hugo jouit déjà d’une grande notoriété. Il y reçoit des artistes et des gens proches du pouvoir comme la Duchesse d’Orléans.
2) La maison et les souvenirs de VH
Le musée : en 1873 la Ville de Paris a acheté l’hôtel pour faire une école primaire. Puis à l’initiative d’un ami intime de VH, Paul Meurice c’est devenu un musée inauguré en grande pompe en 1903 (gravure). Hugo est alors devenu une icône de la République.
Une grande partie des collections a été rassemblée puis donnée par P. Meurice qui s’est chargé de régler les affaires de VH durant l’exil. Ce sont des objets lui ayant appartenus mais aussi des commandes pour célébrer Hugo ou des dons de proches et d’admirateurs.
Le décor a été reconstitué comme celui des différents lieux habités par VH de 1832 à sa mort : il mettait personnellement sa patte à décorer ses maisons et celles de sa maîtresse.
On dispose de comptes et factures ainsi que de notes d’artisans qui ont permis de respecter l’authenticité du décor. C’est aussi le témoin et le cadre de sa vie familiale avec Adèle et les 4 enfants.
Lorsque la maison de la place des Vosges a été envahie en juin 1848 rien ne semble avoir été volé : Hugo tire son chapeau à la délicatesse de ces « pieds-nus qui n’ont rien insulté ».
Dans l’escalier :
Des portraits d’après photos
L’Apothéose de VH par Henri Cros commandée par Meurice en 1802 (centenaire)
Une affiche pour ND de Paris avec l’inscription mystérieuse à gauche
Caricatures évoquant ses tentatives d’entrer à l’Académie française 4 au total dont celle de 1841 fut la bonne. Il est à l’entrée en Pape On le voit aussi comme chef de file de la nouvelle génération romantique : Le chemin de la postérité. En 1834 après les représentations houleuses d’Hernani, il conduit la file des « gilets rouges » Th.Gautier, A.Dumas, Balzac…
Antichambre et Salle 1 : Les origines et La famille
Son acte de naissance : 18 Ventôse An X (février 1802)
Le grand père maternel Trébuchet, commandant de marine marchande.
Sa mère Sophie Trébuchet qu’il adorait et les voyages qu’il fit en Espagne pour rejoindre son père le Général Hugo.
Le père Léopold Hugo était d’une famille moyenne bourgeoise de Lorraine. Il fit carrière sous la Révolution dans les armées républicaines en Vendée, puis sous le Consulat et l’Empire. Victor est leur dernier fils né en février 1802. Le père vit ouvertement avec sa maîtresse en Espagne puis en Italie et les parents se séparent en 1811. Après de longues batailles juridiques ils divorcent officiellement en 1818.
En 1819 à 17 ans il tombe amoureux de sa voisine Adèle Foucher qui a 16 ans. Ils correspondent et cachent leur amour jusqu’en 1821 où il obtient une pension du roi pour ses travaux de poésie. Dès lors il convainc ses beaux parents et se marie en 1822. Hugo est très vite père de famille avec 4 enfants et il doit travailler dur pour nourrir et loger sa famille.
Un dessin de Delacroix pour une pièce dans l’esprit médiéval qui n’eut pas de succès.
Salle 2 : reconstitution du salon qui était à l’origine dans la salle 4.
Un buste de Hugo par David d’Angers datant de 1838
Hugo remercie le sculpteur par ces mots : « c’est l’immortalité que vous m’envoyez ! »
Un portrait de Juliette Drouet en 1827 avant qu’elle ne le rencontre ; C’était une actrice peu connue, compagne du sculpteur Pradier qui ne voulut pas reconnaître leur fille Claire dont Hugo s’occupera. Hugo la rencontre à l’occasion du montage de sa pièce Marie Tudor. Elle ne fera pas carrière et restera toute sa vie près de Hugo mais à une distance jugée décente !
Une représentation d’une scène de NDP à gauche : L’Assaut de ND par les truands . La forme est religieuse. En haut Louis XI et son conseiller.
L’écritoire néogothique, du mobilier et le coffre de son fils François Victor : le goût de Hugo pour les antiquités. Une véritable passion ! Adèle lui reproche l’encombrement de vieux objets, en particulier quand elle est obligée de les vendre ou de les faire déménager lors de l’exil. Juliette l’appelle « mon grand bibeloteur » !
Dédicace par son ami Ste Beuve de son ouvrage Volupté… assez savoureux quand on sait qu’il était épisodiquement l’amant de sa femme et avait eu la délicatesse de le lui avouer !
Salle 3 et 4 : le décor de l’exil à Guernesey
Salon chinois décoré par H à Guernesey. Hugo habite Hauteville House et il loge Juliette à proximité . Décor de tentures de soie et de panneaux d’inspiration chinoise peints par Victor.
Trouver les initiales qu’il a modestement dispersées (miroir, équilibriste) ou celles de Juju (ange musicien)
Le personnage attablé s’appelle Shu Zan (Suzanne la cuisinière !)
Table aux 4 encriers réalisée pour une vente au profit des enfants pauvres de l’île mais non vendue.
Salle 4 : grand salon damassé
Mobilier dessiné par lui façon Moyen Age et Renaissance : buffets, coffres, table à abattant. Collections d’assiettes
Grand meuble à panneaux sculptés avec inscriptions et médaillons. Au-dessus buste de JJ et de sa fille.
C’est un goût à la mode (vu à propos des décors de façades)
*Le blason de 1845 : armes de Lorraine, celles de son père anobli sous l’Empire, et son manteau de Pair de France.
Salle 5
Souvenirs photographiques et manuscrits. Maison de Jersey habitée de 1852 à 1855. Le proscrit et sa famille se font mal voir avec leur spiritisme et des écrits assez polémiques contre les relations diplomatiques franco-britanniques (Victoria et Napoléon III)
Ils vont à Guernesey en 1855 jusqu’en1870. Hugo a refusé l’amnistie.
Adèle s’attaque à une biographie de son époux. VH par un témoin de sa vie.
Ensemble émouvant :
Les portraits de Léopoldine rappellent les deux parties des Contemplations :
-A droite Autrefois souvenirs heureux
-A gauche Aujourd’hui, après la mort de Léopoldine ambiance lugubre
Portrait de Léopoldine au livre d’Heures évoquant sa première communion
Dessin par la mère avec un petit échantillon de la robe sur un cadre fait par V.Hugo
Salle 6 : cabinet de travail au retour d’exil (rue de Clichy) en 1871.
La famille se resserre autour de lui, notamment sa belle fille et ses petits enfants George et Jeanne ; il tient le rôle de pater familias. Les deuils se multiplient : ses 2 fils en 2 ans (sa femme Adèle est morte en 1867) Adèle 2 est internée en 1873.
Pourtant malgré ses 70 ans et les critiques de son entourage il multiplie les expériences érotiques avec de jeunes femmes. Juliette qui l’a enfin rejoint fait mine de le quitter !
Il a pris ses distances avec la Commune mais il s’engage clairement chez les républicains et protège des proscrits. Il devient un porte-parole des républicains laïcs engagés dans le combat pour la scolarisation.
Sénateur en 1876 donc sous la Troisième République.
Son portrait par Léon Bonnat date de 1877. Une copie ici ;
Salle 7 : la chambre où il est mort le 22 mai 1885
L’avenue d’Eylau renommée avenue Victor Hugo de son vivant ! Juliette vit ses dernières années à ses côtés. 50 ans de fidélité et quelques années de vie commune puisqu’elle est morte avant lui en 1883 ; Funérailles nationales après exposition de sa dépouille sous l’Arc de Triomphe ; Puis au Panthéon.
Son écritoire (debout)
Des gravures rappelant les célébrations de son centenaire ;
Et l’escalier personnel qui lui permettait de rejoindre Juliette quand il habitait place des Vosges !
Le musée conserve des centaines de dessins (600 ?) de V Hugo exposées par expo temporaires.
Expo actuelle sur ses expériences de spiritisme.
V De la rue des Tournelles à La Bastille
Rue Jean Beausire : une autre cour des miracles MHB, elle suit le tracé de l’enceinte de Charles V.
Place de la Bastille
Dans l’ancien rempart de Charles V édifié de 1365 à 1420, la Bastille est à l’origine la porte St Antoine.
Reconstruite en 1370 elle sert aussi de château royal et de sortie d’urgence pour le roi . Elle s’adapte au XVI s aux nouvelles techniques de l’artillerie et perd peu à peu sa fonction résidentielle pour celle de prison et d’arsenal.
Détruite en Juillet 1789 elle laisse un grand vide que Napoléon va vouloir combler par une fontaine monumentale en forme d’éléphant implantée sur le canal St Martin. Une maquette du projet par Jean Antoine Alavoine est réalisée en plâtre en 1813. Elle restera jusqu’en 1846 mais le projet ne sera pas mené à sa fin.
Hugo se sert d’un fait divers réel pour en faire la demeure de Gavroche.
Louis Philippe reprend l’idée d’un monument cette fois en souvenir de la Révolution de 1830.
. Cela ne faisait que le cinquième projet en 40 ans ! Finalement il choisit une colonne proposée par Alavoine l’architecte de l’éléphant mais en bronze au lieu du marbre trop lourd pour être supportée par la voûte du canal.
A la base un lion symbole astrologique du mois de Juillet et 4 coqs rappelant vaguement la colonne trajanne. Sur le fût divisé en 3 sections comme les 3 glorieuses, le nom des combattants tués lors de ces journées. En haut le Génie de la Liberté (le sculpteur Dumont) tenant d’une main le flambeau de la civilisation et de l’autre la chaîne brisée du despotisme ! En dessous une crypte avec les morts de 1830 puis ceux de 1848 après décision de la Seconde République.
Hugo l’appelait « le tuyau de poêle » !
Claudine Guary